vendredi 21 août 2009

LA BÊTE d'Anders Roslund et Börge Hellström

Certains crimes méritent-ils vengeance ? Lorsque Bernt Lund parvient à s'évader du quartier pour délinquants sexuels de la prison d'Aspsås, le commissaire Ewert Grens et son adjoint Sven Sundkvist, de la police de Stockholm, craignent le pire. Quatre ans auparavant, Lund a en effet violé et assassiné deux fillettes, sans jamais manifester le moindre remords pour ses actes. Leurs peurs se révèlent fondées : le corps d'une enfant est retrouvé peu de temps après dans un bois, portant la signature de Lund. Tandis que la nation entière s'indigne de l'impuissance des autorités face au meurtrier en fuite, Fredrik, le père de la petite victime, décide de se faire lui-même justice... Thriller d'une noirceur absolue, réflexion magistrale sur la notion de justice, La Bête est le premier titre publié en France d'une série culte en Scandinavie. Traduit en une dizaine de langues, le roman a reçu en 2005 la Clé de verre, la plus haute distinction du polar nordique, décernée, entre autres, à Henning Mankell et Stieg Larsson.

Bernt Lund est un pédophile en liberté. Un jour il se trouve dans un parc où il rencontre 2 filles de 8 ans qui sortent de leur gymnase. Il engage la conversation avec elles et leur propose de leur faire visiter un gymnase tout neuf. Les deux jeunes filles acceptent de le suivre. Il les emmène dans une cave, et là, ce sera l'horreur. Il leur fera subir les pires outrages et les tuera.

Bernt sera vite pris par les policiers. Il sera emprisonné dans la prison d'Aspsäs. Au bout de quatre ans, lors d'un transfert, il réussira à s'évader.

Fredrik est un père heureux. Divorcé, il a la garde de sa petite fille de 5 ans. Il l'emmène au jardin d'enfants pour l'après-midi. A l'entrée, un père attend sa progéniture, il lui dit bonjour... Fredrik, libre pour l'après midi se rend à sa cabane sur une île. Alors qu'il est au téléphone avec son ex-épouse, il voit sur l'écran télé le portrait de Bernt Lund, et il reconnaît l'homme qu'il croyait être un père de famille attendant devant l'entrée du jardin d'enfants. Il téléphone là-bas et on lui apprend que sa fille a disparu. On retrouvera son corps dans une forêt près du jardin d'enfants. Elle aura été violée, sodomisée et tuée avec un objet pointu.

Fredrik est désespéré. Il ne croit pas la police capable d'arrêter Bernt Lund. Il craint que ce dernier ne s'attaque à nouveau à une jeune fille. Il décide de faire justice lui-même.

Pour la Suède, Fredrik est un héros. Mais un jeune procureur demandera son emprisonnement à perpétuité.

Ce livre est génial. Très très bien écrit. J'ai été plongée dans l'univers carcéral où les pédophiles sont très mal vus, que ce soit par les matons ou par les prisonniers eux-mêmes. Les sévices infligés aux victimes ne sont pas trop détaillés, on le sait juste par les rapports du médecin-légiste. Ce n'est pas du tout du voyeurisme, le livre est surtout fondé sur l'ambiance qui règne dans la prison d'Aspsäs, et la mobilisation en Suède pour soutenir Fredrik qui a fait justice lui-même.

Je me suis attachée au personnage de Fredrik, j'ai compris son désespoir et sa volonté de mettre fin aux agissements de Bernt Lund. D'ailleurs, les policiers ont trouvé sur le cadavre de ce dernier, des photos sur les prochaines victimes qu'il s'apprêtait à enlever. Fredrik a donc sauvé la vie de deux enfants.

C'est un livre que je recommande à tous ceux qui s'intéressent aux affaires de pédophilie et les moyens mis à disposition pour lutter contre ce fléau. Anders Roslund a longtemps été journaliste avant de se consacrer à l'écriture. Victime d'abus sexuels dans son enfance, familier des institutions pénitentiaires pour y avoir fait plusieurs séjours, Börge Hellström est l'un des fondateurs d'une association de réinsertion d'anciens détenus. On ressent dans le livre le vécu de Hellström dans les prisons suédoises.

Ce livre est un véritable coup de cœur. Il faudra faire fort dans mes prochaines lectures pour que je ne les trouve pas fades, tellement j'ai aimé La Bête ! La bête qu'est Bernt Lund, qui ne manifeste aucun remords pour ses crimes. La mort de Lund a, certes, empêché un nouveau crime atroce, mais Fredrik, qui l'a tué, est devenu lui même un criminel. Faut-il le condamner ? C'est un fait divers qui enflamme la Suède. C'est extrêmement bien écrit. Il n'y a pas de descriptions inutiles.

Ma note, sans hésitation 10/10


samedi 15 août 2009

LA CICATRICE DU DIABLE par Laurent Scalese

Paris, de nos jours. Un scénariste se défenestre du bureau de Cécilia Rhodes, une célèbre productrice. Chargé de l'enquête, le commissaire Milot ne croit pas à la thèse du suicide et établit un parallèle avec la mort de Lucie Drax, une autre jeune scénariste employée par Cécilia trente ans plus tôt. L'affaire semble étrangement liée à l'histoire personnelle de Milot. Autour de cette femme prête à tout pour parvenir à ses fins gravitent un assistant fou amoureux, un mari richissime et un scénariste raté qu'elle exploite. Des pantins qui ne tarderont pas à vouloir jouer leur propre rôle. Découvrant une femme impitoyable, le commissaire n'hésitera pas à faire saigner une ancienne et effroyable blessure : la cicatrice du diable. Avec ce nouveau roman policier, Laurent Scalese offre une plongée fascinante dans le milieu du cinéma, un univers qu'il connaît bien pour le fréquenter depuis longtemps. Une atmosphère oppressante autour d'une intrigue bien ficelée.

Cécilia Rhodes est une femme ambitieuse que tout le monde craint et déteste. Elle est manipulatrice, garce sur les bords, et aime commander sur son entourage.

Un jour, un scénariste se défenestre de son bureau. Un flic, Artus Milot, ne croit pas au suicide. De plus, il en veut pour des raisons personnelles à Cécilia. On découvrira, au fil des pages, les raisons pour lesquelles il lui en veut tellement.

Laurent Scalese est scénariste pour la télévision et le cinéma. Et dans ce livre, tout est narré comme le scénario pour un film. Cécilia est le personnage principal de l'histoire, je me suis plue à la haïr tellement elle est détestable. Mais au fil des coups de théâtre dans ce livre, on apprend qu'elle est aussi fragile et qu'elle a subi un énorme traumatisme.

Ce livre aurait mérité 100 pages de plus. Certaines situations auraient mérité d'être plus développées, à la fin, j'avais l'impression que le roman n'était pas abouti. J'aurais voulu quelques explications en plus. Il y a pas mal de flash backs et de situations vus par différents personnages, je me suis sentie un peu perdue.

Le personnage d'Artus Milot est très attachant. Il aurait mérité plus de développement. J'ai eu l'impression que ce livre était un synopsis pour un roman plus développé et je trouve cela dommage. Pourtant j'adore les écrits de Laurent Scalese, mais cet ouvrage-ci est le moins bon et je le déplore.

Je n'hésiterai pourtant pas à acheter les prochains romans de cet auteur.

Les chapitres sont courts et percutants. Je me suis attachée à certains personnages et ensuite je les ai détestés. Le roman est ainsi fait... à chaque chapitre on a droit a certaines révélations et retournements de situations. La fin est, d'après moi, un peu bâclée, surtout en ce qui concerne Charlie, ceux qui auront lu le roman comprendront. Ce livre me laisse un goût d'inachevé et l'histoire aurait mérité un développement plus accompli afin de créer un roman plus dense.

Si vous vous intéressez au livre, je vous conseille vivement de passer par le site PriceMinister qui le propose en état comme neuf pour un très bas prix.

Ma note 6/10



jeudi 6 août 2009

AU-DELA DU MAL de Shane Stevens

Après plus de vingt-cinq ans de malédiction éditoriale, nous avons le plaisir de vous présenter pour la première fois en langue française Au-delà du mal, de Shane Stevens, l'un des livres fondateurs du roman de serial killer, avec Le Dahlia noir, de James Ellroy, et Le Silence des agneaux, de Thomas Harris. À 10 ans, Thomas Bishop est placé en institut psychiatrique après avoir assassiné sa mère. Il s'en échappe quinze ans plus tard et entame un périple meurtrier à travers les États-Unis. Très vite, une chasse à l'homme s'organise : la police, la presse et la mafia sont aux trousses de cet assassin hors norme, remarquablement intelligent, méticuleux et amoral. Les destins croisés des protagonistes, en particulier celui d'Adam Kenton, journaliste dangereusement proche du tueur, dévoilent un inquiétant jeu de miroir, jusqu'à un dénouement captivant. A l'instar d'un Hannibal Lecter, Thomas Bishop est l'une des plus grandes figures du mal enfantées par la littérature contemporaine, un héros " terrifiant pour lequel on ne peut s'empêcher d'éprouver, malgré tout, une vive empathie. Au-delà du mal, épopée brutale et dantesque, romantique et violente, à l'intrigue fascinante, constitue un récit sans égal sur la façon dont on fabrique un monstre et sur les noirceurs de l'âme humaine. D'un réalisme cru, presque documentaire, cet ouvrage, hanté par la figure de Caryl Chessman, n'est pas sans évoquer Le Chant du bourreau de Norman Mailer et De sang-froid de Truman Capote. Un roman dérangeant, raffiné et intense.

Thomas Bishop est un enfant battu par sa mère. Elle lui met en tête qu'il est le fils de Chessman, un violeur condamné à mort et exécuté après 12 ans de batailles juridiques. Thomas tue sa mère à l'âge de 10 ans et sera placé dans un hôpital psychiatrique.

Thomas a une intelligence au dessus de la moyenne. Alors qu'il a essuyé un refus pour une éventuelle libération, il va faire la rencontre de Vincent Mungo, lui aussi interné. Il va se servir de lui afin de s'évader de l'hôpital psychiatrique. Grâce à son intelligence, il va usurper l'identité d'un inconnu et parcourir les Etats-Unis en semant derrière lui de nombreux cadavres de femmes : toutes horriblement mutilées.

Dans la deuxième partie du livre, on fera plus ample connaissance avec le journaliste Adam Kenton, le meilleur des enquêteurs. De nombreux protagonistes entreront en jeu... policiers, politiciens, journalistes, sans oublier la pègre vont se lancer sur la trace du tueur en série. Thomas Bishop va trouver des identités différentes avec une facilité déconcertante. Il a su trouver de l'argent et a de quoi subvenir à ses besoins pendant de longs mois.

J'ai beaucoup aimé le début du livre. La description des souffrances infligées à Thomas Bishop par une mère qui perd la tête et dont les coups de fouet sont monnaie courante. Une fois Thomas échappé de l'hôpital psychiatrique, on suit ses divagations à travers l'Amérique. Il n'éprouve aucun remords à tuer les femmes dont il croise la route.

J'avoue que, arrivée au milieu du livre, je me suis un peu perdue au milieu des nombreux protagonistes. Surtout les politiciens et la pègre. Mais on revient vite sur Thomas Bishop et sur le journaliste Adam Kenton, ce qui rend la lecture plus aisée. C'est un très bon livre... dès le début j'ai été happée dans l'histoire, tournant les pages avec avidité. Tout s'imbrique parfaitement. Ce n'est pas trop sanglant, l'auteur ne décrit pas les sévices infligés aux femmes que Thomas tue.

Le style de Shane Stevens est détaché et prenant. J'ai adoré le début lorsque l'enfance de Bishop est narrée. J'ai moins aimé la partie où Stevens parle du sénateur Stoner, qui se sert de l'escapade du tueur pour servir ses propres intérêts. Le roman est un véritable pavé (759 pages), l'intrigue est bien bâtie, l'intérêt ne faiblit pas, malgré quelques longueurs, néanmoins c'est une œuvre très dense. Je vous le recommande vivement !

Ma note 9/10